Magazine Surface Vol. 41 No 1

VOL. 41 NO 1 8 VOL. 41 NO 1 9 Il est bien connu que le quartz est l’un des grands favoris de notre industrie. Ses possibilités en termes de design et de durabilité continuent d’être présentées annuellement dans les grands salons commerciaux de la planète. On trouve du quartz, notamment, dans le béton, la céramique et le granit. Les activités telles que la démolition, le concassage, le sciage, le ponçage et le balayage à sec de ce matériau exposent toutefois les travailleurs aux poussières de silice cristalline, qui peuvent causer la silicose, qui se manifeste par des troubles respiratoires allant de l’essoufflement à l’effort à une déficience respiratoire grave. Elle peut aussi entraîner, entre autres, l’asthme, l’emphysème et le cancer pulmonaire. D’où la nécessité d’informer l’ensemble de l’industrie et d’agir en connaissance de cause. Ce que se charge de faire plus bas Alain Lambert, de STCF Consultant. Surface : Quelle est le premier problème que vous avez découvert? Alain Lambert : Avant de débuter, il faut bien souligner que les produits finis destinés au consommateur ne sont absolument pas dangereux. Donc, pas de confusion à cet égard. Les produits peuvent se révéler nocifs lors du processus de transformation si l’environnment et les pratiques ne sont pas adéquats. Cela dit, on parle de problèmes de silicose aujourd’hui du fait qu’en 2023, en Australie, un grand nombre de travailleurs atteints ont été recensés. Analyse faite : un grand nombre d’entre eux provenaient du milieu de la pierre de quartz usinée. La situation a été communiquée au ministre australien de la Work Health and Safety (WHS) et la possibilité de bannir la pierre de quartz usinée a été abordée. À la suite d’un débat au Parlement australien, la transformation de tranches de quartz servant à la fabrication de comptoirs a effectivement été interdite en date du 1er juillet 2024. La Nouvelle-Zélande a emboîté le pas, toujours en 2024, en DOSSIER LA SILICOSE : ÇA VOUS DIT QUELQUE CHOSE? par Yves Rivard abaissant sa norme de tolérance, celle-ci passant de 0,10 mg / m3 à 0,5 mg / m3. Même constat au Québec, alors que la CNESST a publié une fiche Zéro Tolérance – Silice cristalline en novembre 2023, qui porte sur les meilleures pratiques réglementées et appliquées en industrie. Il faut comprendre que cette silice cristalline est aussi présente dans le secteur du ciment, de la céramique et de la pierre naturelle. La fiche visait donc toute l’industrie de la construction. Surface : La suite du dossier arrive en avril 2024, n’est-ce pas? A. L. : Oui. La CNESST a revu sa norme de tolérance à 0,5 mg / m3. Puis, la Californie, dont l’indice de tolérance est aussi de 0,5 mg / m3, ayant recensé une hausse inquiétante de cas de silicose reliés aux travaux de surface de comptoirs de cuisine en quartz, soit 167, a décidé d’étudier la question d’une interdiction en novembre dernier. La décision est attendue en 2025 suite à l’adoption possible d’un projet de loi. Cela dit, ici, en tant que conseiller technique lié à cette industrie, et bien que nous n’ayons pas une situation aussi grave, je constate que la CNESST fait un excellent travail. Elle mène beaucoup d’interventions auprès des travailleurs concernés et fait preuve de sévérité lors de ses inspections d’environnements de travail. Surface : Pourquoi maintenant? Ce n’est pas d’hier que la silice cristalline existe. A. L. : Le produit était testé et le milieu savait qu’il était conçu selon des méthodes dangereuses si les règles de santé et sécurité n’étaient pas respectées. Les fournisseurs de tranches de quartz informent les transformateurs des méthodes et pratiques à adopter en termes de protection et de ventilation. Les grands manufacturiers, tels DuPont, Corian Quartz, Cosentino, Caesarstone et Cambria, détiennent des certifications, des documents sur la façon de travailler avec ce matériau de manière sécuritaire. Le problème ne vient pas de là, mais bien du quartz importé de pays tels que l’Inde et la Turquie, dont les normes et spécificités ne sont pas aussi étoffées. L’Australie, entre autres, s’approvisionnait de ces fournisseurs, le coût étant moindre. Mais le réel prix à payer s’est imposé par la suite. En décembre 2024, l’entité Engineered Stone Manufacturers Association a statué que le bannissement de la confection de comptoirs de quartz n’était probablement pas la solution, dans un contexte où d’autres matériaux industriels courants en contiennent également. Il devient donc évident qu’il importe de traiter avec des fournisseurs qui respectent les meilleurs standards de production. UN CONTEXTE PROPICE À L’INNOVATION Surface : Comment l’industrie réagit-elle en termes d’adaptation, d’innovation? A. L. : Par exemple, Cosentino a présenté un nouveau produit de sa marque Silestone, HybriQ, pionnière dans la catégorie des surfaces en quartz. Cet hybride de minéraux de première qualité, de quartz et de verre recyclé, constitue une nouvelle composition, qui permet de réduire l’utilisation de silice cristalline de 30 %, 50 % et jusqu’à 90 % pour certains produits. Vicostone Canada, Hyundai L&C Canada et DuPont Corian Quartz, entre autres, travaillent actuellement sur des formulations de recettes pour arriver à des résultats similaires. Même constat du côté de l’allemande Quartzforms, qui offrait les produits de la gamme Ecotone, contenant moins de 5 % de silice, au Kitchen & Bath Industry Show (KBIS) 2024 à Las Vegas. Des compagnies indiennes y proposait aussi des produits sans silice, tout comme Diresco, de Belgique, et Okite, d’Italie. On observe ainsi une tendance à non seulement vouloir diminuer le taux de silice cristalline, mais bien à l’éliminer complètement de la production, tout en conservant la même qualité. Ce qui est certainement appréciable, mais qui ne réglera pas le problème de la silice cristalline émanant du ciment ou de la céramique. Cela dit, ces nouveaux matériaux permettent de nouvelles possibilités esthétiques et de design. Par exemple, il est possible de produire une apparence similaire à l’onyx, la fameuse pierre naturelle transparente. On observe aussi un gain au regard du cycle de croissance du produit. Si les prévisions de croissance des comptoirs de quartz donnaient 2030 comme le début du ralentissement, ces nouveaux composants, qui remplacent la silice cristalline, alliés à la nouvelle technologie d’impression de surface développée pour la céramique, permettent de prévoir une croissance de la demande pour de nombreuses années à venir. Surface : Quels sont ces types de nouveaux minéraux? A. L. : On note deux catégories : les minéraux, qui proviennent directement de la mine, et ceux traités en usine avant d’être Actif dans l’industrie depuis plus de 35 ans, Alain Lambert a occupé au fil des ans plusieurs postes clés dans le secteur manufacturier, notamment en tant qu’analyste de laboratoire, de gestionnaire de la qualité (ISO-9001), de gestionnaire technique et de gestionnaire du service à la clientèle et de l’installation pour les clientèles du quartz et du granit. Durant plus de 25 ans, M. Lambert a agi à titre de consultant pour plus de 20 manufacturiers répartis dans 15 pays, notamment le Chili, l’Italie l’Espagne, le Japon, la France, l’Allemagne, la Turquie, le Brésil, la Chine et les États-Unis. Depuis 2005, Alain Lambert, fondateur de STCF Consultant, est spécialisé dans les services de conseil technique pour les manufacturiers d’agglomérés de quartz. Ses services couvrent les secteurs du développement des nouvelles technologies, de l’assistance technique des processus manufacturiers avec la méthodologie PACE Product and Cycle-Time Excellence, la logistique de distribution, le polissage et l’installation de produits de quartz et de granit. Il s’acquitte ainsi de différents mandats pour des bannières telles que DuPont Corian Quartz, Cosentino, PolarStone, Basix Surface West, Vicostone Canada, Durango Stone, Polycor Canada, Pure Surfaces, Daltile, AOC Resin Formulation, Minéraux Mart Canada, LX Hausys America Viatera, Polycor Canada, Pure Surfaces, Kuartz, Hendrix Industries, Quartz Technology et US Silica.

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